Alléché par la critique de ce livre sur Sexactu, le blog de Maïa Mazaurette, je me le suis fait offrir pour Noel. Oui, j'ai des cadeaux sérieux...
Le sujet m'intéresse, ce qui n'étonnera pas mes lecteurs de longue date. Le mot "patriarcat" est mon point Godwin personnel, un indicateur que mon interlocuteur et moi vivons dans des mondes différents. Ou du moins que nous le regardons d'une façon complètement différente.
( Je rappelle que "patriarcat" n'est pas un synonyme de "domination masculine". Il désigne spécifiquement le fait que l'homme a l'autorité dans sa famille, ce qui n'est plus le cas en France depuis une poignée de décennies. )
Ma lecture, d'autant plus rapide qu'elle est rapidement devenue parcellaire, a été une grosse déception. Malgré son titre, l'ouvrage n'explore pas la réalité d'une domination masculine supposée ou perçue. Au contraire, la réalité de cette domination est posée dès le départ. (Dès le quatrième de couverture, en fait, que j'aurais dû lire plus attentivement !)
Le sujet des premiers chapitres n'est donc pas tant un examen objectif de notre société pour savoir si cette domination existe ou non, mais une thèse sur l'origine de cette domination, qui serait le résultat d'un processus évolutionnaire plutôt que sociétal.
L'introduction comporte bien quelques idées intéressantes, comme le fait que les femmes bénéficient d'un "plancher de verre" qui les prémunit contre une misère totale, celle-ci touchant essentiellement les hommes, ou encore un questionnement sur la validité du critère salarial dans l'évaluation de la réussite des femmes, puisqu'elles ont d'autres priorités.
Tout cela est très intéressant, c'est d'ailleurs ce qui m'avait plu dans la critique de Mazaurette. Mais hélas, rien n'est développé dans la suite. Et c'est là le gros problème, qui relève quasiment de la publicité mensongère.
Le thème du livre n'est PAS la domination masculine. Non, c'est un long plaidoyer pour l’évolutionnisme social. Des chapitres entiers n'ont rien à voir avec la domination masculine, comme celui sur la religion. Il y a bien un paragraphe pour tenter de faire le lien, mais on sent bien que ce n'est pas le sujet qui intéresse l'auteur.
La conclusion est édifiante. Elle ne parle QUE d’évolutionnisme social. La domination masculine ? Oubliée.
Qu'on ne s'y trompe pas : je suis absolument convaincu de la pertinence de cette science. Pas au point d'effacer tous les autres processus bâtissant notre société (la sociologie, l'histoire, la tradition, etc...), contrairement à l'auteur. Ce n'est qu'un élément parmi d'autres, dans un tout complexe.
Mais il a sa place. Je n'ai pas besoin de lire un livre entier pour m'en convaincre. Et je n'apprécie pas qu'on déguise son propos pour me le vendre en douce. C'est malhonnête. A l'image de l'argument final : l'auteur nous affirme que soit on croit à l’évolutionnisme social, soit on est un créationniste (social). C'est un argument atrocement fallacieux, consistant à réduire la position de ses adversaires à un extrême caricatural.
Tiens, cette incapacité à percevoir les nuances me rappelle mon précédent billet ...
Le sujet m'intéresse, ce qui n'étonnera pas mes lecteurs de longue date. Le mot "patriarcat" est mon point Godwin personnel, un indicateur que mon interlocuteur et moi vivons dans des mondes différents. Ou du moins que nous le regardons d'une façon complètement différente.
( Je rappelle que "patriarcat" n'est pas un synonyme de "domination masculine". Il désigne spécifiquement le fait que l'homme a l'autorité dans sa famille, ce qui n'est plus le cas en France depuis une poignée de décennies. )
Ma lecture, d'autant plus rapide qu'elle est rapidement devenue parcellaire, a été une grosse déception. Malgré son titre, l'ouvrage n'explore pas la réalité d'une domination masculine supposée ou perçue. Au contraire, la réalité de cette domination est posée dès le départ. (Dès le quatrième de couverture, en fait, que j'aurais dû lire plus attentivement !)
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Ceci n'est pas un livre sur la domination masculine |
Le sujet des premiers chapitres n'est donc pas tant un examen objectif de notre société pour savoir si cette domination existe ou non, mais une thèse sur l'origine de cette domination, qui serait le résultat d'un processus évolutionnaire plutôt que sociétal.
L'introduction comporte bien quelques idées intéressantes, comme le fait que les femmes bénéficient d'un "plancher de verre" qui les prémunit contre une misère totale, celle-ci touchant essentiellement les hommes, ou encore un questionnement sur la validité du critère salarial dans l'évaluation de la réussite des femmes, puisqu'elles ont d'autres priorités.
Tout cela est très intéressant, c'est d'ailleurs ce qui m'avait plu dans la critique de Mazaurette. Mais hélas, rien n'est développé dans la suite. Et c'est là le gros problème, qui relève quasiment de la publicité mensongère.
Le thème du livre n'est PAS la domination masculine. Non, c'est un long plaidoyer pour l’évolutionnisme social. Des chapitres entiers n'ont rien à voir avec la domination masculine, comme celui sur la religion. Il y a bien un paragraphe pour tenter de faire le lien, mais on sent bien que ce n'est pas le sujet qui intéresse l'auteur.
La conclusion est édifiante. Elle ne parle QUE d’évolutionnisme social. La domination masculine ? Oubliée.
Qu'on ne s'y trompe pas : je suis absolument convaincu de la pertinence de cette science. Pas au point d'effacer tous les autres processus bâtissant notre société (la sociologie, l'histoire, la tradition, etc...), contrairement à l'auteur. Ce n'est qu'un élément parmi d'autres, dans un tout complexe.
Mais il a sa place. Je n'ai pas besoin de lire un livre entier pour m'en convaincre. Et je n'apprécie pas qu'on déguise son propos pour me le vendre en douce. C'est malhonnête. A l'image de l'argument final : l'auteur nous affirme que soit on croit à l’évolutionnisme social, soit on est un créationniste (social). C'est un argument atrocement fallacieux, consistant à réduire la position de ses adversaires à un extrême caricatural.
Tiens, cette incapacité à percevoir les nuances me rappelle mon précédent billet ...
A lire votre compte rendu de ce livre, ça déçoit beaucoup quand on voit la couverture du livre. En tout cas, je vais lire quelques lignes pour voir.
RépondreSupprimerCoucou M. Chapeau. Oui un fantôme ^^. Disons que je viens de retomber sur ton blog au hasard de mes liens et le titre m'a tout de suite interpellé et surtout les premières lignes de ton post "patriarcat, le point godwin". Ah oui? Ah bon? En tant que féministe pro choix convaincue, j'ai un peu du mal avec cette affirmation. Du coup, je suis curieuse, tu parles plus souvent de ce sujet sur ce blog ou ne serait-ce pas temps de prendre des nouvelles mutuelles ? :-) Des bises. Mel'Ody.
RépondreSupprimerSalut fantôme !
SupprimerJe ne comprends pas bien la question. J'explique dans le texte ce qui me déplait avec "le patriarcat". Cette expression est le signe que mon interlocuteur est dans l'idéologie plutôt que la réflexion, et qu'il est inutile du discuter, parce qu'on va nécessairement finir par s'engueuler. :)
Je me reconnais dans cet article, même s'il parle de jeunes femmes :
http://www.pbs.org/newshour/making-sense/column-why-millennial-women-dont-want-to-call-themselves-feminists/
Je ne me dis plus féministe depuis que j'en ai rencontré des féministes extrémistes avec qui je n'ai aucun point commun.
Pour les nouvelles mutuelles, je te réponds sur FB. :)
"Patriarcat" => autorité du-des père-s au sens strict. Ceux qui mènent la communauté. Il faut virer le mot "homme" car nombreux sont les hommes, dans le patriarcat, qui ne sont pas pères.
RépondreSupprimerLa sociologie et l'histoire sont présentes dans l'ouvrage, mais elles ne sont pas traitées de manière universitaire, c'est-à-dire condescendante, pédante. C'est de la sociologie évolutionniste, scientifique, qui évoque des tendances et non pas des arguments fallacieux comme 99% de la sociologie souvent issue des milieux marxistes non matérialistes.
Dans tous les billets scientifiques et médicaux, l'importance est donnée à l'inné, à la génétique qui fixe les régulations hormonales notamment (comme la tendance à l'agressivité, la pathologie,...). L'environnement ne joue que comme facteur atténuant ou aggravant.
C'est parce que vous comprenez mal la psycho-physiologie dans l'évolution que vous tirez une conclusion aussi erronée. Comme l'essentiel des sociologues ou des historiens.
Pour le définition du patriarcat, vous avez raison, la mienne est trop limité. J'ai été trompé par mes sources. Je reste persuadé que le féminisme moderne a une grande part de donquichotisme.
SupprimerPar contre, je ne comprends pas la suite de votre commentaire. Je vois bien l'agressivité et les insultes, mais par les arguments.
Le propos principal de mon billet consiste à dénoncer le titre mensonge de ce livre. Il n'est pas une étude de la domination masculine, mais un pamphlet pro évolutionisme social.
Et j'ai bien l'impression que votre réaction va dans mon sens. Vous aussi ne me parlez qu'évolutionisme social (une notion que je n'aurais d'après vous pas comprise).
Sauf que ma conclusion n'est pas : "l'évolutionisme social, c'est nul", mais "vendre un pamphlet sur l'évolutionisme social en lui donnant un titre erroné, c'est nul".
Saisissez-vous la nuance ?