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La nuit des Ô, qu'est-ce que le phoque ?

La "nuit des Ô" est un évènement SM parisien, dont voici le début de la description :
Une fois par mois, nous vous fixons rendez-vous dans de jolies caves privées du 10e arrondissement de Paris avec notre soirée pour hommes dominateurs et femmes soumises. Le bondage, la suspension et les jeux BDSM seront à l'honneur. Cette soirée a avant tout pour but d'initier des rencontres dans un cadre festif.
Donc, des rencontres entre hommes dominants et femmes soumises. Bien. Les mêmes organisateurs ont débuté avec une "soirée des K", qui fonctionne selon le schéma réciproque, des femmes dominantes et des hommes soumis.

On notera que dans les deux cas, le nom de la soirée se focalise sur la femme : le O est celui de la fameuse soumise littéraire, et le K est l'initiale du prénom de la dominatrice à l'origine de la soire (Karine). On verra que cette disparition du dominateur au profit de la soumise est plus complète que cela encore.

Les tarifs de la nuit des K m'agacent. Les hommes payent 80 euros, pour se mettre aux services de femmes qui, elles, ne payent que 20 euros. Beurre, argent du beurre. Hommes dépréciés car nombreux et demandeurs et femmes vues comme une denrée rare (alors qu'elles constituent 51% de la population, pour rappel). Bref, je n'aime pas.

Me doutant qu'on ne trouverait pas un tarif symétrique pour la nuit des Ô, mais que les hommes paieraient encore une fois le prix fort, quelle n'a pas été ma surprise de constater qu'ils en sont tout simplement exclus ! La soirée n'est ouverte qu'aux couples (80 euros) et aux femmes (20 euros). Où sont passées les rencontres entre hommes dominants et les femmes soumises ? Qu'est-ce que c'est que ce concept complètement fumé ?

Plus bizarre encore, la description indique :
Nous précisons que cette soirée n'a aucune vocation à l'échangisme, la pluralité ou tout autre pratiques ne cadrant pas avec notre vision du BDSM.
Donc, c'est une soirée avec des couples qui n'ont pas droit d'échanger et des femmes qui n'ont pas droit de former de trio. Soit la nuit est très morne, soit les organisateurs n'appliquent pas leurs propres principes ou n'ont pas compris ce qu'ils ont écrit.

Même en oubliant cette histoire d'échangisme, quelles sont les conséquences de cette exclusion ?

- On n'est pas un maître si on n'a pas de soumise. (Ce qui se défend, d'une certaine façon.) Par contre, on peut parfaitement être une soumise sans avoir de maître, parce que phoque.

- Les soumises ne pourront jouer qu'avec des dominants en couple. Bonjour la qualité de la rencontre. C'est marrant, parce que les soumises solo autour de moi cherchent précisément des dominants célibataires !

- Les dominants solo formeront des duos de circonstance pour pouvoir entrer quand même. Donc, la soirée sera pleine de passe-ports qui s'emmerdent au bar pendant que leur cavalier chasse la soumise dans les caves.

Dernier clou dans le cercueil :

En clair : No sex allowed !
Ah bien sûr, le sexe, ce n'est pas SM. Pfff.

Ça vous parait être une soirée intéressante, à vous ?

Commentaires

  1. Mon cher Monsieur Chapeau,

    Je vois (ici ou sur Twitter) ton combat pour un monde plus égalitaire où le désir des hommes et celui des femmes seraient jugés de façon symétrique. Hélas, tout comme les femmes qui s'insurgent dès qu'on émet l'idée qu'elles auraient moins de désir que les hommes, je pense qu'il y a un déni de réalité.

    Entendons-nous bien, je ne prétends pas que les femmes ont, intrinsèquement, moins de désir que les hommes, et j'entends parfaitement les raisons sociétales énoncées comme cause possible de cette asymétrie. Mais, hélas, elle est là, comme tu le reconnais toi-même.

    J'étais assez récemment en club pour une soirée où les hommes seuls étaient acceptés (payant beaucoup plus cher leur ticket d'entrée que les femmes) et, quelle surprise !, pendant que je batifolais avec mon amante, ce n'étaient pas les femmes qui toquaient à la porte pour essayer de grappiller un peu de sexe mais des hommes et uniquement des hommes.

    À partir de ce constat, les organisateurs de soirée à vocation commerciale font en fonction de la bête loi de l'offre et de la demande. Tu leur reproches une vision sexiste du monde mais le problème est d'abord qu'ils ont une vision capitaliste (c'est triste aussi).

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  2. Je suis d'accord pour le motif économique des tarifs de club. Les patrons trouvent toujours des hommes prêts à payer à chaque fois qu'ils augmentent leurs tarifs. Pourquoi s'en priver ?

    La différence de comportement sexuel entre hommes et femmes est un constat qui me désole, mais que je nie pas. Les hommes sont prêts à payer pour la chance d'obtenir du sexe, les femmes non.

    Après, je suis aussi irrité par l'hypocrisie de certains patrons, qui t'expliquent qu'ils augmentent leurs tarifs "pour filtrer". C'est de la connerie. Il y a autant de morts de faim avec de l'argent que sans. Le seul moyen de filtrer, c'est d'observer les clients et de bosser... (Mais forcément, c'est plus dur !)

    La preuve étant que le club où la sélection est la meilleure, les after-works des Chandelles, sont aussi l'un des moins chers pour les HS.

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  3. Bonjour Comme une Image, bonjour Monsieur Chapeau,

    Et merci à Miss Camille de m'avoir introduit (oups!...) auprès des éminentes libertines et des éminents libertins qui comptent sur Paris.

    Je cadre et capte (sans tentative désuète de contrepèterie) vos arguments réciproques concernant marketing, chiffre d'affaire, tout comme la confusion des genres dans le thème d'une soirée qui me rappelle quelques entrées impromptues dans des alcôves au moments de grands débarquements orgiaques: on sait plus où on en est...

    Il y a pourtant un moyen très simple de savoir pourquoi il ne peut pas y avoir d'égalité des sexes en libertinage collectif, voire de masse, où les bonhommes seuls se retrouvent toujours les plus nombreux et toujours avec l'addition la plus salée de la surprise partie. La démonstration n'est pas compliquée: "il y a des papous papa et des papous pas papa; des papous papa à poux et des papou papa pas à poux; des papous papa à poux papa et des papous papa à poux pas papa", etc, etc, je vous passe la suite qui s'étend à l'infini (pas comme les tapis de sol du Sauna Caméléon, mais je m'égare...).

    Donc, si l'on voit bien que le "S" pouvant représenter Monsieur peut s'introduire assez souvent, le "X" représentant Madame a beaucoup plus de mal à s'imposer. Donc, ne pas s'étonner que les messieurs soient toujours plus nombreux que ces mesdames: les tenanciers le savent parfaitement.

    Autre démonstration, encore plus rapide: "il y a des mamas à moux et des mamas pas à moux; des mamas à moux mama et des mamas à moux pas mamas"... On voit bien que ça ne marche pas du tout.

    Donc, pas de quoi s'affoler ni se faire du mal pour rien: depuis que j'ai pris conscience de cette règle fondamentale, moi, quand je suis dans une pagaille pareille - et dans un amas hétéroclite de "S" et de "X" à ne plus savoir où est la sortie - je me concentre uniquement sur une chose: ne jamais me retrouver entre le marteau et l'enclume, d'autant plus que je suis un hétéro pur et dur, à peine versé sur le troisième genre...

    Bises et poigne à qui de droit, et merci d'adresser vos éventuelles réclamations à Messieurs Dada et Franquin pour ce billet surréaliste,

    amitiés, Alaska.

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  4. C'est intéressant de lire ton analyse Olivier.
    Le BDSM c'est comme une franchise.
    C'est un concept flou comme le libertinage... ou en tous cas c'est un concept polymorphe.
    --- Alors, je suis d'accord avec toi les puristes du "no sex dans le BDSM", c'est de la connerie (tiens, moi qui suis toujours courtoise, ça me libère d'écrire ici).
    --- Les soirées excluant les hommes seuls, c'est de la connerie : l'homme seule (ou la femme seule) c'est la quintessence du désir!

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    Réponses
    1. Mon billet a provoqué une longue discussion sur FB, d'où il ressort que les hommes seuls ne sont pas totalement exclus. Certains sont acceptés, après filtrage et explication des règles par l'organisateur.

      Ca reste un délit de sale gueule, puisque rien de semblable n'est prévu pour les femmes et les couples. Mais au moins, le thème de la soirée est un peu plus respecté.

      Quant au "no sex", c'est le choix de l'orga. Comme toi, je ne comprends pas du tout. On m'a soufflé une explication fiscale, comme quoi les soirées libertines (avec sexe donc) paieraient (beaucoup) plus de taxes que les soirées classiques (même avec du SM, tant qu'il n'y a pas de sexe). J'ignore si c'est vrai ou pas ...

      Perso, mon SM est très sexué, donc ce type de soirée ne m'intéresse pas du tout.

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